Phénix sur la Colline

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Le Comité des opérations gouvernementales de la Chambre des communes s’est réuni hier pour discuter des problèmes de Phénix, le nouveau système de paye du gouvernement. Environ 80 000 fonctionnaires ont éprouvé des difficultés avec leur paye et des centaines n’ont pas été payés.

Les membres du Comité ont passé plus de deux heures à interroger la sous-ministre des Travaux publics, Marie Lemay.

« Je tiens à souligner qu’il est inacceptable que tout employé du gouvernement du Canada demeure impayé ou soit mal payé pour le travail effectué », explique Mme Lemay.

« Les employés se présentent au travail chaque jour, ils font ce que l’on attend d’eux, et parfois davantage, ils fournissent aux Canadiens les services dont ils ont besoin et assurent la sécurité de notre pays. En contrepartie, ils ont le droit d’être rémunérés à temps afin de pouvoir payer leur hypothèque et nourrir leur famille, ce que nous comprenons parfaitement.

Plusieurs minutes après le début de la réunion, Mme Lemay a distribué un nouveau calendrier* des priorités (PDF). Le document décrit les échéanciers mis de l’avant par Travaux publics pour régler les problèmes de paye. La grande priorité du gouvernement sera de remédier aux problèmes de paye de ceux qui n’ont encore reçu aucune rémunération. L’objectif consiste à régler ces cas prioritaires dans un délai de trois jours ouvrables.

Lors de la séance de la semaine dernière, Mme Lemay a indiqué que 720 employés rapportaient ne pas avoir été payés. Parmi ces derniers, 486 ont reçu un chèque cette semaine; 130 seront payés lors du prochain jour de paye, soit le 10 août. Le gouvernement attend toujours les renseignements de 35 employés. Les responsables de la paye ont également constaté que 60 employés qui n’étaient pas payés ne figuraient dans aucun de leurs systèmes.

Depuis, 589 autres employés ont rapporté ne pas être payés. Le Ministère travaille à régler 210 de ces cas, afin de payer ces employés d’ici le 6 août.

Les cas qualifiés de priorité 2, concernant des employés qui risquent de cesser d’être payés, seront réglés au cours quatre à six prochaines semaines.

Pour ce qui est des employés qui reçoivent des montants incorrects, leur cas devrait être réglé d’ici la fin de septembre ou d’octobre, selon la catégorie à laquelle ils appartiennent.

Ceux qui ont eu des problèmes de paye ont eu de la difficulté à communiquer avec les conseillers en rémunération pour corriger la situation. De nombreux employés ont eu à attendre longtemps pour accéder au service, et d’autres n’ont même pas pu être placés en attente. Le système téléphonique n’a pas été conçu pour recevoir un tel volume d’appels. Comme de nombreux appels n’ont pas pu être traités, Travaux publics ne pouvait pas être informé de l’ampleur du problème.

Le gouvernement a remédié à la situation en ouvrant un centre d’appels à Toronto composé d’agents qui font le tri des appels afin de transférer les cas à priorité 1 aux conseillers en rémunération le plus rapidement possible. Les agents du centre d’appels ont déjà traité 2 500 appels, avec un temps d’attente moyen de quatre minutes et aucun appel interrompu.  

Des centres de paye temporaires sont également appelés à contribution afin d’accélérer le traitement de ces dossiers. Ces centres, situés à Gatineau, Montréal, Winnipeg et Shawinigan, feront appel à près de 200 anciens spécialistes de la paye. L’Alliance de la fonction publique du Canada travaille avec le gouvernement afin de trouver des façons de recruter d’anciens spécialistes de la paye intéressés à se joindre à ces unités temporaires.

Afin de venir en aide à ceux qui ne sont pas payés, le gouvernement demande aux gestionnaires de recourir aux processus existants pour leur avancer des fonds d'urgence.

Même si le gouvernement semble avoir mis en place un plan solide pour remédier à la situation, ces retards ont des répercussions concrètes pour les employés. Le député libéral, Raj Grewal, s’est interrogé au sujet des mécanismes mis en place pour compenser les frais d’intérêt pour paiements en retard qui seront sans doute facturés à certains employés.

« Tout le monde devrait être en position neutre, ou en meilleure position. Personne ne doit être pénalisé en raison d’une formalité, ou dans le cas présent, avouons-le, d’une erreur », affirme M. Grewal

« J’accorde la priorité aux travailleurs pour m’assurer qu’ils sont dans une position équivalente, sinon meilleure qu’elle n’aurait été si ce problème n’était pas survenu. »

Mme Lemay a expliqué que son ministère collabore avec le Conseil du Trésor et les syndicats pour élaborer un processus. Les détails n’ont pas encore été arrêtés, mais ils seront communiqués le plus rapidement possible.  

« Nous demandons aux employés de conserver toute la documentation possible afin de tenir un registre des frais qui leur sont facturés, explique Mme Lemay. Un processus sera mis en place à cet égard. »

Selon Mme Lemay, la débâcle de Phénix à laquelle nous assistons est attribuable à la fois à une formation inadéquate et à des erreurs de système. Pour remédier au problème de formation, le gouvernement publiera une trousse d’outils pour les gestionnaires, comprenant un tutoriel et un webinaire. L’École de la fonction publique du Canada élabore également un module de formation obligatoire pour Phénix.

En ce qui a trait au système, Mme Lemay souligne l’arriéré de 20 000 transactions de paye qui ont dû être saisies dans le système au moment de la transition vers la phase deux de la mise en œuvre de Phénix. Les membres du Comité ont également évoqué la décision de Travaux publics d’abandonner son idée originale de prévoir une période pilote et d’opter plutôt pour une mise à l’essai du logiciel dans 36 ministères dont les services de paye étaient déjà basés à Miramichi et dont le personnel utilisait déjà PeopleSoft. Les députés se sont demandé si cette approche, qui n’était pas représentative de l’ensemble de la fonction publique, n’aurait pas créé des attentes irréalistes à l’égard d’une mise en œuvre sans heurts du logiciel.

Le système de paye Phénix devrait faire économiser au gouvernement 70 millions de dollars par année. Grâce à ce système, les paiements pour heures supplémentaires ou affectations intérimaires devraient être traités plus rapidement. Travaux publics estime que les mesures temporaires visant à remédier à la situation coûteront entre 15 et 20 millions de dollars.

« Le chemin vers la transformation n’a pas été de tout repos », a précisé Mme Lemay.

Les membres qui ne sont pas payés doivent communiquer avec Travaux publics immédiatement; selon la sous-ministre de Travaux publics, Marie Lemay, le Ministère ne peut régler les problèmes de paye à moins d’en être informé. Les délégués syndicaux et les employés s’engagent à aider les membres qui ont besoin d’aide pour régler leurs problèmes de paye. N’hésitez pas à communiquer avec nous. L’ACEP a été en mesure d’accélérer le règlement de plusieurs cas de façon officielle, en déposant des griefs, et officieuse, en faisant appel à nos personnes-ressources des centres de paye.

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