L’ACEP s’inquiète du fait que le Bureau de la traduction abaisse les critères de qualité pour l’interprétation et compromette la qualité des services en français

OTTAWA – L’Association canadienne des employés professionnels (ACEP) s’inquiète d’une énième décision du Bureau de la traduction qui compromet l’intégrité des langues officielles au Canada. Le syndicat a été informé d’une récente décision visant à restructurer le comité d’accréditation des interprètes parlementaires pigistes. Cette décision affaiblira un processus qui garantit la qualité de l’interprétation dans les institutions fédérales, un service indispensable aux député·es et à des millions de Canadiennes et Canadiens. On ne peut que s’alarmer davantage quant à l’incapacité de ce gouvernement à protéger et à préserver les langues officielles au Canada et en particulier le français.

Le Bureau de la traduction a décidé d’intégrer dans le comité un consultant externe qui n’a pas l’accréditation nécessaire pour travailler au Parlement; c’est pourtant cette accréditation qui garantit que les nouvelles et nouveaux interprètes parlementaires pigistes répondent aux normes élevées requises pour ce type de travail. Le Bureau cède donc une partie importante du pouvoir décisionnel à une personne qui ne répond pas elle-même aux normes de la profession. Le consultant nommé siégera au comité d’accréditation avec le groupe habituel d’interprètes permanent·es qualifié·es et chevronné·es, mais il détiendra un pouvoir immense, puisque ses décisions compteront pour 50 % dans la sélection des futur·es interprètes. En cas d’égalité des voix, c’est un·e cadre supérieur·e du Bureau de la traduction qui tranche.

« C’est une décision préoccupante et irresponsable, mais qui correspond malheureusement à la tendance que nous observons, déclare Antoine Hersberger, vice-président du groupe TR de l’ACEP, qui comprend les interprètes permanents. En conférant un pouvoir déterminant à quelqu’un qui n’est pas accrédité pour le travail parlementaire, le Bureau de la traduction ne tient pas compte de son expertise interne, abaisse la barre et affaiblit les normes mêmes qui protègent les langues officielles dans ce pays, ce qui aura des répercussions disproportionnées sur la population francophone canadienne. » 

Il est à noter que l’accréditation est obligatoire pour les interprètes qui souhaitent travailler sur la Colline du Parlement. Le Bureau de la traduction présente l’accréditation comme la garantie de qualité des services d’interprétation qu’il fournit, et elle est reconnue mondialement comme l’une des normes les plus élevées en interprétation. Cependant, depuis quelques années, le Bureau mine sa propre réputation et cette décision risque de la ternir davantage. Comme ce sont surtout les francophones canadiens, et en particulier les député·es francophones, qui utilisent les services de traduction et d’interprétation pour comprendre et se faire comprendre, toute baisse de qualité a des conséquences graves pour ces personnes. 

L’ACEP exhorte le Bureau de la traduction à rétablir immédiatement la composition antérieure du comité et le processus standard, qui garantissaient que toutes les décisions relatives à l’accréditation étaient prises par des professionnelles et professionnels qualifiés, et à relancer le processus d’accréditation actuel dans cette optique. Le syndicat invite également tous les leaders des organismes de défense des droits en matière de langues officielles, ainsi que les partis fédéraux et les gouvernements provinciaux, à prêter une attention particulière à l’érosion croissante des langues officielles causée par la négligence du gouvernement à l’égard du Bureau de la traduction et le sous-investissement dans ses services, et à reconnaître cette décision comme une menace grave et urgente pour l’égalité linguistique au Canada. Ce qui se passe au Bureau de la traduction nous met clairement en garde contre ce qui pourrait se produire ailleurs au gouvernement fédéral si l’on ne rétablit pas la vigilance à cet égard.

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