Budget fédéral de 2024 : l’ACEP s’oppose à l’attrition

Le budget 2024 du gouvernement fédéral a été présenté mardi et prévoit notamment des dépenses pour régler la crise du logement. Ces dépenses seraient compensées par des compressions budgétaires, notamment la perte par attrition de 5000 emplois à temps plein dans le secteur public au cours des quatre prochaines années. L’Association canadienne des employés professionnels (ACEP) n’est pas satisfaite de cette solution, car elle revient à demander aux employé·es du gouvernement fédéral d’en « faire plus avec moins », ce qui affectera négativement la prestation des services dont dépend la population canadienne.

Demander aux ministères et aux employé·es de redistribuer le fardeau des responsabilités – libérées en raison de l’attrition – pourrait ralentir considérablement les choses et forcer éventuellement le gouvernement à recourir à la sous-traitance, ce à quoi l’ACEP s’oppose fermement. La sous-traitance s’avère généralement plus coûteuse, moins transparente, et offre une qualité de service inférieure. Elle ne tient souvent pas compte non plus de facteurs essentiels, comme la diversité, l’inclusion et le respect des langues officielles. Le gouvernement aurait dû trouver un moyen d’économiser qui n’augmente pas sa dépendance de la sous-traitance, plutôt que de créer le besoin éventuel de recourir davantage à des sous-traitants.

« Nous savons toutes et tous que l’attrition n’est qu’une autre façon de demander aux employé·es de doubler leur charge de travail déjà lourde, et de travailler de plus longues heures avec moins d’aide et moins de ressources, a déclaré Nathan Prier, président de l’ACEP. Le gouvernement propose de faire des économies financières sur le dos des employé·s qui sont déjà aux prises avec des services de base qu’il n’est pas capable d’assurer, comme un système de paye qui fonctionne, un régime de soins de santé adéquat et un milieu de travail sûr. Nous n’accepterons pas que les employé·es du gouvernement fédéral soient encore sacrifié·es pour des gains politiques. »

Après 15 années de coupes budgétaires draconiennes, le gouvernement actuel a augmenté la taille de la fonction publique en vue de ramener le personnel à son niveau minimal pour qu’il soit fonctionnel. Il est impératif que le secteur public suive le rythme de la croissance démographique du Canada pour qu’il puisse offrir un niveau standard de services. De nouvelles pertes d’emploi seraient un recul important.

L’ACEP accueille favorablement la proposition de libérer des édifices gouvernementaux pour les convertir en logements. Cette mesure est nécessaire pour augmenter le nombre de logements abordables dans le marché. Cet engagement devrait toutefois aller de pair avec l’augmentation de la capacité de pouvoir télétravailler, ce qui permettrait de réduire davantage les coûts opérationnels et d’augmenter en même temps la sécurité et la productivité des employé·es.

L’ACEP note également le financement proposé pour accroître les capacités de traduction et d’interprétation du Bureau de la traduction au Parlement, et salue l’importance accordée à la protection et la promotion accrues des langues officielles. Cependant, tout nouveau financement devrait également servir à répondre aux préoccupations constantes des interprètes en matière de santé et de sécurité, car ces personnes continuent de subir des blessures qui compromettent leur carrière à un rythme alarmant.

Le budget de 2024 promet de rendre la vie plus juste et plus abordable pour toutes les générations. Mais, sans un secteur public fort pour assurer la prestation de ces programmes essentiels, ces promesses risquent de ne jamais se concrétiser.