Rapprocher les générations en élevant les normes plutôt qu’en nivelant par le bas

Du Comité consultatif des jeunes membres de l'ACEP.*

Un récent article de l’Ottawa Citizen rapporte que les modifications à la politique sur les congés de maladie proposées par le président du Conseil du Trésor Tony Clement suscitent un conflit de générations entre les jeunes et les vieux fonctionnaires. Toutefois, comme Hamlet sans le Prince du Danemark, les voix des jeunes fonctionnaires sont manifestement absentes de la pièce.

Le fossé générationnel est réel, mais la conclusion que les jeunes fonctionnaires appuient discrètement les modifications proposées à la politique sur les congés de maladie est ni convaincante ni fondée. L’auteur de l’article, le commentateur politique Ian Lee, l’admet : « Je ne dis pas que tous les jeunes gens appuient [la proposition de Clement], mais il y a un nombre significatif de ceux-ci qui le font; qu’ils soient 10, 20 ou 30 %, je ne le sais pas. » Avec un tel raisonnement, il est aussi possible de dire que 90 % des jeunes fonctionnaires sont contre les modifications, mais comme le concède Lee, nous ne le savons pas.

Ce que nous savons, c’est que le mécontentement à l’égard du statu quo n’équivaut pas à un appui des modifications proposées. Sur un point précis, la réduction proposée de 15 à 6 jours de congé de maladie payé est certainement défavorable pour toutes les générations touchées. Sur cet aspect de la proposition, qui concerne les maladies et blessures de la vie courante, tous les fonctionnaires en sortiront perdants.

Le fossé des générations entre en scène lorsqu’il est question des prestations d’assurance-invalidité de plus longue durée. En raison du moins grand nombre d’années de service, le système actuel, qui prévoit un délai de carence de 13 semaines, désavantage les fonctionnaires plus jeunes ayant accumulé moins de crédits de congé de maladie une année sur l’autre. Le nouveau système n’exige que six jours, également non payés, de délai de carence. 

Toutefois, imposer des congés non payés avant le début du versement des prestations d’assurance-invalidité de plus longue durée désavantagerait les fonctionnaires plus jeunes qui ont des dettes d’études, de nouvelles obligations financières et ont eu moins de temps pour accumuler des économies pour les imprévus. Selon Generation Squeeze, groupe de pression à la défense des jeunes, en comparaison des années 1970, les jeunes Canadiens doivent économiser trois fois plus longtemps pour amasser les 20 % nécessaires au versement initial sur une maison et ils ont des revenus moins élevés malgré des études postsecondaires plus avancées. Sur cet aspect, les jeunes sont laissés pour compte tant par le statu quo que par les nouvelles propositions d’assurance-invalidité.

Les modifications proposées ne profiteront vraisemblablement pas à la plupart des jeunes fonctionnaires étant donné la baisse draconienne des congés de maladie courants de 15 à 6 jours. En 2013-2014, les fonctionnaires ont été beaucoup moins nombreux à bénéficier de l’assurance-invalidité que ceux qui ont pris plus de six jours de congé de maladie payé. Il faut consulter davantage les jeunes fonctionnaires afin de s’assurer de ne pas réduire le fossé générationnel par un simple nivellement par le bas.

Il faut combler le fossé entre les différentes générations de fonctionnaires en élevant les normes pour ceux qui sont au bas de l’échelle plutôt qu’en abaissant les conditions de travail de toute la population. En absence de solidarité entre les générations, souligner le fossé générationnel est une tactique de négociation pour rendre le résultat pire pour tous les travailleurs concernés.

Une lettre cosignée par des jeunes fonctionnaires de l’ACEP, de l’Alliance de la Fonction publique du Canada et de l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada.

*Veuillez noter : Ce comité est actuellement inactif.