Mois de l'histoire des Noirs 2023 - Entrevue avec le député Micheal Coteau

Michael Coteau

Entrevue avec le député Micheal Coteau (Don Valley-Est), coprésident du caucus noir parlementaire

L'ACEP : Le Caucus des parlementaires noirs, créé en 2015, a pour but de « soulever, discuter et défendre des questions qui sont importantes pour la population noire du Canada ».

Quelles ont été les réussites et les réalisations du Caucus des parlementaires noirs depuis sa création et que fait-il pour lutter contre le racisme anti-Noir(e)s en général et dans le secteur public fédéral en particulier?

Le député Micheal Coteau : Depuis sa formation en 2015, le Caucus des parlementaires noirs sert de tribune non partisane qui permet aux parlementaires de discuter des problèmes auxquels sont confrontées les personnes noires au Canada et de plaider leur cause. Au cours des sept dernières années, le Caucus a entendu directement les témoignages de personnes noires au Canada. Le Caucus offre une occasion unique à ces personnes de communiquer avec des parlementaires de la Chambre des communes et du Sénat provenant de tout le pays et de tous les horizons politiques.

Plus récemment, le Caucus des parlementaires noirs a mené des consultations prébudgétaires auprès d’organisations dirigées par des Noir·e·s ou consacrées à leur cause, faisant valoir leurs propositions et leurs domaines d’intérêt pour le prochain budget fédéral. Le Caucus a tenu deux discussions en direct, où des personnes et des organisations ont pu s’adresser directement aux parlementaires et répondre à leurs questions.

Le Caucus des parlementaires noirs transmettra nos commentaires, ainsi que les propositions de ceux qui ont participé aux consultations, à la ministre des Finances. Ces consultations constituent une partie importante du processus budgétaire, et le Caucus des parlementaires noirs continuera à les tenir à l’avenir afin d’y faire participer le plus grand nombre possible d’organisations dirigées par des Noir·e·s et de s’assurer qu’on tient compte des besoins de la communauté noire dans le processus budgétaire fédéral.

L'ACEP : L’existence du racisme anti-Noir(e)s dans le secteur public fédéral a été démontrée. Selon le Sondage auprès des fonctionnaires fédéraux de 2019, « plus de 15 % des employés noirs de la fonction publique ont été victimes de discrimination raciale en milieu de travail ». 

À votre avis, de quelle façon faut-il s’y prendre pour lutter contre le racisme anti-Noir(e)s au travail dans le secteur public fédéral?

Le député Micheal Coteau : Les obstacles que rencontrent les communautés noires subsistent dans des secteurs partout au Canada, et le manque de diversité continue d’être problématique. Le gouvernement du Canada a pris diverses mesures pour lutter contre le racisme anti-Noir·e·s dans la fonction publique fédérale. Il a annoncé la création d’une nouvelle stratégie de lutte contre le racisme pour la fonction publique fédérale, qui prévoit des mesures visant à améliorer la diversité et l’inclusion, à promouvoir la compétence et la sensibilité culturelles, et à s’attaquer à la discrimination et aux préjugés systémiques. 

Le gouvernement continue de travailler sur l’Appel à l’action en faveur de la lutte contre le racisme, de l’équité et de l’inclusion dans la fonction publique fédérale, ainsi que sur la promotion de l’équité et de la diversité dans la fonction publique. Il s’est également engagé à mettre en œuvre un nouveau programme de formation obligatoire pour tout le personnel de la fonction publique fédérale sur le racisme anti-Noir·e·s et les préjugés inconscients. 

En outre, le gouvernement a annoncé des plans pour revoir et mettre à jour les processus d’embauche fédéraux afin d’en éliminer les obstacles pour les groupes sous-représentés, notamment les personnes noires.

L'ACEP : Selon la lettre de mandat de la présidente du Conseil du Trésor, publiée le 6 décembre 2021, cette dernière doit notamment s’acquitter de l’engagement d’établir « un fonds pour la santé mentale destiné aux fonctionnaires noirs, et appuyer les possibilités d’avancement professionnel, de formation, de parrainage et d’éducation des Noirs ». 

Pourquoi ces mesures sont-elles importantes et de quelle façon peuvent-elles être mises en œuvre efficacement?

Le député Micheal Coteau : L’assistance au personnel et la promotion de la santé mentale au travail sont d’une importance vitale pour le gouvernement. De nombreuses personnes noires sont victimes de racisme systémique au travail, ce qui peut avoir d’importantes conséquences sur leur santé mentale. Il reste encore du travail à faire pour régler ces problèmes, c’est pourquoi la création d’un fonds pour la santé mentale des fonctionnaires noir·e·s est si importante.

La mise en place de ce fonds pour la santé mentale est un bon pas vers des solutions fondées sur des données probantes et qui auront des effets durables. Le soutien des fonctionnaires noir·e·s du Canada au travail peut renforcer, et renforcera la fonction publique et assurera en même temps un nouveau soutien non seulement au personnel en poste de la fonction publique fédérale, mais aussi à toutes les futures recrues.

L'ACEP : Il a été largement rapporté dans divers médias qu’« un regroupement de fonctionnaires fédéraux noirs accuse le gouvernement de racisme et menace de se retirer de l’élaboration d’un plan d’action en santé mentale destiné aux travailleurs noirs. » 

Comment le Caucus des parlementaires noirs cherche-t-il à trouver des solutions dans des situations comme celles-ci?

Le député Micheal Coteau : Depuis sa création, le Caucus des parlementaires noirs a servi de tribune pour que la voix de la communauté noire au Canada soit entendue. En tant que parlementaires, nous écoutons les commentaires de notre électorat et des parties intéressées et parlons au nom de la population canadienne. L’une des fonctions essentielles du Caucus est d’amplifier la voix des communautés noires dans un environnement ciblé, ce qui lui permet d’avoir des conversations constructives et directes avec les parties intéressées et d’aborder les questions en tant que groupe plutôt qu’individus. C’est une approche globalisée de la part du gouvernement qui rassemble autour de la même table des membres de divers partis siégeant à la Chambre des communes et au Sénat.

L'ACEP : Un des trois objectifs de la mise en œuvre de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine des Nations Unies est d’« adopter et renforcer les cadres juridiques internationaux, régionaux et nationaux […] et de veiller à les mettre en œuvre intégralement et effectivement ». 

Que pensez-vous des mesures prises jusqu’à présent par le Canada dans le cadre de la proclamation de la Décennie internationale (2015-2024) au profit des personnes d’ascendance africaine au Canada, en particulier celles qui travaillent dans la fonction publique fédérale? 

Le député Micheal Coteau : Le 30 janvier 2018, le gouvernement du Canada a officiellement reconnu la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine. Il s’est engagé à promouvoir et à soutenir les objectifs fixés par les Nations Unies. 

Depuis ce jour, il a pris des mesures pour contribuer aux objectifs des Nations Unies. Dans le budget fédéral de 2018, le gouvernement s’est engagé à consacrer 9 millions de dollars au soutien communautaire des initiatives de la jeunesse noire canadienne. Ce fonds a pour objectif principal d’offrir de plus grandes possibilités aux jeunes personnes canadiennes noires en « favorisant l’acquisition de compétences en leadership et de l’engagement civique ». Dans ce même budget, un montant supplémentaire de 10 millions de dollars a été affecté à une initiative en santé mentale consacrée uniquement aux personnes noires. Ce fonds permet à des programmes axés sur la culture dans les communautés noires de recevoir un budget pour la mise en œuvre de programmes de santé mentale culturellement adaptés. 

Dans le budget fédéral de 2019, 25 millions de dollars supplémentaires ont été affectés à des projets d’investissement qui permettront de renforcer les capacités au sein des communautés noires. 

Le gouvernement du Canada demeure engagé à atteindre les objectifs de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine et de la population noire du Canada.