Le lendemain du dépôt du budget fédéral de 2025, l’ACEP et d’autres syndicats fédéraux ont tenu une conférence de presse pour parler des répercussions du budget sur la fonction publique. Vous trouverez ci-dessous le discours d'ouverture du président de la CAPE, Nathan Prier.
(traduction)
Le budget présenté hier compte près de 500 pages, mais il passe à côté de plusieurs éléments essentiels. Nous savons que le gouvernement prévoit d’éliminer 40 000 emplois dans la fonction publique et de retrancher près de 60 milliards de dollars aux programmes destinés aux Canadiennes et Canadiens. Mais que signifie cette annonce, concrètement? Quels programmes et services seront sacrifiés pour y arriver? Et qui fera le travail nécessaire pour concrétiser les engagements majeurs annoncés, dont la création de nouvelles agences comme Maisons Canada? Comment ce gouvernement compte-t-il tenir sa promesse de mettre fin au gaspillage en contrats de consultants, qui coûtent 25 % de plus que les fonctionnaires pour le même travail? Ces précisions étaient absentes du budget, et ce n’est probablement pas un hasard : soit le gouvernement n’a pas de plan, soit il n’est pas prêt à dire à la population ce qu’il s’apprête à leur enlever.
Disons-le clairement : le gouvernement dépense aujourd’hui, toute proportion gardée, moins pour la fonction publique qu’il ne le faisait sous Stephen Harper. Sous Trudeau, environ 10 % du budget de fonctionnement était consacré aux fonctionnaires, contre 14 % sous Harper. Cela en surprendra plus d’un·e, sachant que les fonctionnaires servent presque toujours de boucs émissaires pour des déficits causés par des promesses irréalistes et des réductions d’impôts massives. Ce dont il est réellement question ici, c’est d’un démantèlement de programmes et de services indispensables aux gens ordinaires – et le gouvernement n’assume pas encore cette réalité. On parle aussi d’un déploiement précipité et général de l’intelligence artificielle dans des opérations gouvernementales cruciales, sous l’influence de groupes technologiques motivés par le profit, sans qu’il y ait de garde-fous pour éviter que ça ne coûte plus cher que ça ne rapporte. Et franchement, malgré toutes les belles promesses, il y a fort à parier qu’on va refaire ce vieux tour de passe-passe : supprimer des postes dans le secteur public pour sauver la face, puis embaucher des consultants pour combler le vide, à un tarif 25 % plus élevé, pendant que notre mémoire institutionnelle nationale s’efface peu à peu.
Notre syndicat est principalement composé d’économistes; nous avons horreur du gaspillage et des occasions ratées. Il existe de vraies solutions pour réduire les coûts de fonctionnement du gouvernement, mais démanteler ses effectifs tout en multipliant les nouveaux engagements envers la population n’en fait pas partie. Le fait que le télétravail n’ait même pas été envisagé comme solution – alors qu’il permettrait d’économiser presque le même montant que celui qu’on prétend pouvoir réaliser grâce aux coupes de postes, simplement en réduisant les coûts immobiliers et en convertissant des bureaux en logements – montre bien qu’il s’agit d’une attaque idéologique contre la fonction publique, précisément au moment où le pays a le plus besoin d’elle. Ces jeux idéologiques ont un coût humain, et les fonctionnaires en ont assez d’être désigné·es comme boucs émissaires.
Nous nous attendons à ce que toutes les parties se rassemblent pour proposer de véritables solutions créatives qui nous permettent de maintenir en poste les fonctionnaires compétent·es dans lesquel·les nous avons déjà investi, de réduire les coûts de fonctionnement là où cela a réellement du sens (comme réduire de moitié nos coûts liés aux bureaux), et d’attirer les esprits les plus brillants du pays dans la fonction publique afin que nous puissions travailler ensemble à relever les défis bien réels auxquels notre pays fait face en ces temps difficiles.